Carstensz

20 août au 25 août 2009

Jour du sommet : 6 novembre 2009

Cap sur la montagne

J’arrive au petit aéroport du village de Nabire, sur l’île de Nouvelle-Guinée, accompagné de mon ami Serge Massad, avec qui j’ai déjà monté le Denali il y a quelques mois. Je suis heureux d’être avec lui pour l’ascension de mon septième et dernier sommet ! Nous revenons tout juste du sud-est de l’Australie, où nous avons grimpé le mont Kosciuszko, à 2 228 mètres d’altitude. Certains considèrent cette montagne comme la plus haute de l’Océanie, puisqu’elle est située à l’inté-rieur du continent, contrairement au Carstensz. Mais pour Serge et moi, l’ascension s’est apparentée à une petite excursion. Notre véritable défi nous attend ici, en Indonésie !

Les derniers préparatifs

Aussitôt sur place, nous nous rendons à l’entreprise locale qui organise la logistique de notre expédition. Nous faisons connaissance avec Dennys, le guide qui nous assistera pendant la montée. C’est un alpiniste très compétent qui connaît le Carstensz comme sa poche, pour l’avoir monté plus de 40 fois, dit-il. Compte tenu de notre expérience, nous aurions pu nous passer d’un guide. Mais dans une expédition d’une telle envergure, il n’y a pas d’économies à faire sur le plan de la sécurité. Finalement, nous sommes heureux d’avoir Dennys avec nous. Grâce à lui, nous apprenons une foule de détails intéressants à propos de l’Indoné-sie et de sa culture. Nous rencontrons aussi le pilote de l’hélicoptère qui nous conduira au camp de base du Carstensz. Encore une fois, nous sommes satisfaits de notre choix. Nous serons entourés de personnes compétentes ! À présent, les conditions semblent favorables pour que l’expédition ait lieu. Je réalise que je m’approche de plus en plus de mon septième sommet !

Mes dernières inquiétudes concernent la météo. Les intempéries sont le lot quotidien des Indonésiens de la région. La pluie ne nous empêchera pas de commencer l’ascension, mais elle peut obliger l’hélicoptère à rester cloué au sol. Je croise les doigts pour que le mauvais temps ne retarde pas notre départ.

En route pour le camp de base

Le départ a finalement lieu le lendemain, au petit matin. Le ciel est incertain, mais le pilote estime que nous avons de bonnes chances d’atteindre le camp de base aujourd’hui. Nos bagages sont soigneusement pesés avant d’être apportés près de l’hélicoptère. Mais notre tour n’est pas encore venu. Nous devons patienter pen-dant que le pilote va livrer une cargaison dans la jungle.

Je suis soulagé quand il revient enfin nous chercher. Cette fois, c’est la bonne. Nous nous installons dans l’appareil avec nos bagages. Après une heure de vol, nous faisons une courte halte pour laisser des sacs de riz dans une tribu de Papous, les aborigènes de la Nouvelle-Guinée. Le décor est dépaysant ! Certains Papous portent encore l’étui pénien ! Et dire que je suis assis dans un hélicoptère, des bottes d’escalade sophistiquées aux pieds et une caméra vidéo HD autour du cou. J’ai l’impression de sor-tir d’une autre ère. Nous repartons. Cap sur le camp de base ! L’hélicoptère survole des montagnes de plus en plus hautes. L’altimètre de l’appareil grimpe sans cesse : 2 000, 2 500, 3 000, puis 3 500 mètres… J’aperçois en-dessous de nous une jungle décimée par endroits, sans doute à cause d’anciennes coulées de lave. Le sol est recouvert d’une couche de roche volcanique gris pâle et très solide. Des glaciers sont perchés sur deux immenses pics aux alentours. Le camp de base se profile enfin au loin. Nous y sommes ! Nous nous posons sur un terrain accidenté. Aussitôt que nous sortons de l’hélicoptère, des grimpeurs suisses prennent notre place pour le retour. L’appareil repart. Le vacarme du rotor s’éloigne, puis laisse place au silence de cette région si isolée.

Jour 1 – Une altitude éprouvante

Des alpinistes suisses nous souhaitent la bienvenue. Ils descendent tout juste du sommet. Serge connaît l’un d’eux, pour l’avoir rencontré en Antarctique. Un autre Suisse vient de terminer la couronne des sept sommets. Pour me souhaiter bonne chance, il me passe autour du cou une guirlande de drapeaux de prières népalais. Cette tradition est très vivante chez les alpinistes dans l’Hima-laya. Pendant que nous échangeons sur nos expériences respectives, des amitiés se tissent déjà. Je suis toujours surpris de constater comme les liens se créent facilement en montagne.

Notre arrivée au camp de base ne se fait pas sans heurts, même si le Carstensz ne s’élève pas si haut comparati-vement à d’autres sommets de la collection des sept. Habituellement, nous atteignons un camp de base après une marche d’approche qui permet au corps de s’habi-tuer à l’altitude. Cette fois, l’hélicoptère nous a laissés directement à une altitude de 4 200 mètres. Les maux de tête et la perte d’appétit se font aussitôt sen-tir. Serge est particulièrement affecté par cette brusque arrivée en haute altitude. Il devient très pâle et se met à vomir. Il s’assoit un instant pour se reposer. Je l’encou-rage à bouger et à marcher jusqu’à un col, une petite centaine de mètres plus loin. De là-haut, nous aurons une vue imprenable sur la pyramide Carstensz. Avec un peu de chance, le paysage lui changera les idées. Nous y allons très lentement et nous discutons de la possibilité de prendre une journée de repos s’il ne reprend pas du poil de la bête. Au sommet du col, l’excitation s’empare de moi. Mon septième sommet se dresse devant mes yeux, au loin. Il est enfin là devant moi. La fin de mon odyssée autour du monde approche ! Quelques heures seulement me séparent de l’accomplissement de ce défi qui me pas-sionne depuis deux ans et dix mois. Quelle fébrilité à l’idée de triompher enfin de cette longue aventure ! Je pressens déjà la joie de la victoire. En ce moment précis, devant la pyramide qui pointe vers le ciel, je sens que plus rien ne pourra m’arrêter. Mon enthousiasme est contagieux. Je m’efforce d’en-courager Serge. Notre guide Dennys le rassure à son tour en lui disant que quelques signes de fatigue ne l’empê-cheront pas de réussir l’ascension. Nous prenons finale-ment quelques photos de la face calcaire de 600 mètres et nous repérons la voie que nous emprunterons pour la montée. Nous retournons ensuite tranquillement au camp de base. Avant d’aller dormir, nous grignotons quelques aliments du bout des lèvres. Serge vomit encore, mais se sent tout de même mieux qu’à notre arrivée. Au moins, son état s’améliore ! Pour ma part, je souffre aussi de l’altitude, mais moins que mon compagnon.

J’enlève toute pression à Serge en lui disant que s’il ne se sent pas assez en forme, nous prendrons une journée de repos le lendemain. Après tout, cette expédition n’est pas une course ! Aucune compétition n’existe entre nous. Nous faisons équipe pour le plaisir d’escalader ensemble, et non pour déterminer qui de nous deux est le meilleur.

Jour 2 – Jour du sommet

Après une bonne nuit de sommeil, nous nous sentons d’attaque pour le grand jour. Nous partons vers six heures, un peu plus tard que prévu, car ni Serge ni moi n’aimons grimper dans le noir des passages difficiles techniquement. Par contre, il vaut mieux arriver au sommet avant que la météo ne change. Il fait beau ce matin, mais la plupart du temps, le ciel se couvre en après-midi et déverse ses pluies diluviennes jusqu’à la fin de la journée. Les Suisses que nous avons croisés à notre arrivée ont eu droit à tout un déluge lors de leur descente. Nous n’avons pas envie d’y goûter nous aussi ! Nous avalons un déjeuner frugal et un café et nous nous mettons en route. Serge est déjà loin devant. Manifestement, il prend du mieux ! Vers sept heures, nous rejoignons la voie qui nous mènera au sommet de la pyramide. Il fait chaud et nous commençons l’ascension avec le sourire. Je crie de joie ! Comme convenu, je prends les devants, Serge me suit et Dennys ferme la voie. Nous formons une équipe formidable, petite et très rapide. Quand des compagnies locales organisent des groupes d’une dizaine d’alpinistes, la montée peut être très lente, car les grimpeurs n’ont pas tous la même habileté ni la même forme physique. Chacun a aussi ses raisons de prendre une petite pause, que ce soit pour ajouter ou enlever un vêtement, prendre des photos, boire, man-ger, uriner, se reposer… Finalement, l’ascension peut prendre le double du temps prévu ! Serge et moi sommes enchantés d’être seuls avec Dennys. Comme il connaît mon expérience comme guide de montagne, il nous laisse beaucoup de liberté, ce qui rend notre ascension plus naturelle.

l’Assaut de la pyramide

Les premières longueurs de corde fixe nous mènent sur un éperon en calcaire d’une rare beauté. La roche est dure et coupante. Il a fallu des millions d’années d’érosion pour y sculpter d’immenses cannelures. Je ne me lasse pas de contempler ces reliefs singulièrement façonnés par le temps.
Notre route débouche ensuite au creux d’un gigantesque dièdre de 200 mètres avec des fissures et une grosse che-minée. Nous progressons sur la roche grâce à des prises pour les mains et les pieds. Cette technique constitue une difficulté minime pour un rochassier chevronné. J’ai passé vingt-neuf ans à arpenter les parois rocheuses du Québec, du Canada et du monde entier. Ici, ma grande expérience me donne des ailes. J’aurais envie de courir un peu partout sur cette paroi ! Mais comme la sécurité demeure toujours ma principale préoccupation dans une telle expédition, je ne prendrai pas de risques inutiles. Nous apprécions le paysage magnifique, la qualité de la roche et de la voie, la beauté de cette journée. Voilà l’essentiel de toute ascension ! Serge va très bien et pro-gresse à un bon rythme. Dennys n’est pas loin derrière lui. Nous approchons tranquillement de l’arête principale.
La muraille se poursuit sur une section de petits ressauts rocheux verticaux très coupants. Nous traversons une che-minée étroite, où nous progressons tantôt en pontage les jambes écartées, tantôt sur le mur de droite ou de gauche. Le passage étroit débouche sur un plateau. Nous nous arrêtons pour une courte pause. La suite sera facile, mais la dernière partie de l’ascension, celle qui nous conduira sur l’arête sommitale, est très verticale et s’étire sur 70 mètres. Avant de continuer la progression, j’examine la corde de montée. Elle est effilochée. Elle doit pendre sur cette paroi depuis des années ! À l’occasion, l’équipe qui organise les expéditions change les cordes qu’elle juge dangereuses. À mon avis, plusieurs sections ont largement mérité leur congé du Carstensz ! Le soleil, l’eau et le vent en ont assé-ché plus d’une. Les cordes ont aussi perdu leur souplesse à cause du frottement sur la roche rugueuse et très dure. Au Québec, on les aurait jetées à la poubelle depuis long-temps ! Je redouble de prudence et je m’efforce de mettre le moins de poids possible sur cette corde usée pendant que j’escalade la pente la plus à pic.

Nous parvenons finalement sans encombre sur une arête aérienne spectaculaire, à plus de 4 700 mètres d’altitude. Le ciel se couvre en quelques minutes à peine. De gros nuages gris et du brouillard s’emparent du sommet et de ses environs. La bruine se met à tomber et mouille la paroi. Heureusement, la roche conserve ses propriétés antidérapantes.

Une tyrolienne précaire

Un peu plus loin, deux gendarmes rocheux se dressent sur notre route, séparés par une profonde faille. Nous n’aurons pas le choix de traverser ce passage à la tyro-lienne, suspendus au-dessus du vide par trois vieilles cordes. Encore une fois, l’état de l’équipement ne me rassure pas ! Mais il serait bien plus long et difficile physi-quement de descendre la paroi en rappel et de la remon-ter sur des cordes fixes que d’emprunter cette espèce de corde à linge de fortune qui nous servira de tyrolienne. Dennys part le premier, peut-être pour nous rassurer sur la fiabilité du matériel. Serge s’élance le deuxième. Quand vient mon tour, une pluie intense se met de la par-tie. Je m’empresse de sortir de mon sac mon Gore-Tex qui m’offre une protection impeccable. Si la corde se casse et me précipite dans le vide, je serai au moins au sec… Bravant mes incertitudes, j’accroche mon harnais à la tyrolienne, et hop, je me lance à 4 750 mètres au-dessus du vide, suspendu par des vieilles cordes mouillées. Avec la seule force de mes bras, je me hisse vers l’autre gen-darme rocheux, où mes compagnons m’attendent en toute sécurité. La progression est très exigeante, car il n’y a pas de poulies pour m’aider à avancer. Deux poulies n’auraient pas été de trop dans mes bagages. À quelques mètres de la fin, j’ai les avant-bras gonflés comme ceux de Popeye le marin ! Je rejoins finalement Serge et Dennys, sain et sauf mais les muscles en feu. 

Le dernier sommet

Plus que quelques dizaines de mètres nous séparent encore de la cime du Carstensz. Je prends les devants. Le terrain est accidenté et quelques passages délicats ralentissent notre progression. La vue panoramique de ce matin a disparu. Toute la chaîne de montagnes est maintenant recouverte d’un voile blanc opaque. Nous fendons ce brouillard dense en distinguant à peine le pay-sage qui se profile devant nos yeux. Après notre passage, le nuage de brume se referme derrière nous. Nous marchons pendant une trentaine de minutes, bien encordés, en empruntant plusieurs détours en zigzag. Au tournant d’une paroi rocheuse, j’aperçois les couleurs vives de drapeaux de prières népalais qui ballottent au vent. Je m’approche fébrilement. Planté dans le roc, une grande pancarte plastifiée indique Carstensz. C’est la fin ! Je me mets à hurler pour signifier que je suis au sommet. Serge et Dennys me rejoignent après quelques instants, le sourire triomphant. Nous échangeons les tradition-nelles accolades des vainqueurs. Nos félicitations et nos rires se répercutent en écho dans ce lieu mythique. Peu à peu, je réalise toute la signification de cette mon-tée : je viens de terminer mon dernier sommet ! J’ai com-plété la prestigieuse collection des sept toits du monde ! Mon esprit se transporte rapidement sur les sommets célèbres que j’ai foulés ces derniers mois. L’Aconcagua, le Kilimandjaro, l’Everest, le Vinson, le Denali, l’Elbrouz… Toutes ces montagnes en si peu de temps et réussies du premier coup ! Tous ces efforts immenses pour atteindre l’inaccessible, tous ces paysages inoubliables ! Que de moments d’efforts et de fatigue, mais aussi de bon-heur et de plaisir ! Cette longue aventure m’a poussé à connaître mes limites, a exigé de moi des trésors de per-sévérance. Je suis ébahi d’être maintenant ici, au som-met du Carstensz. Wow ! Serge et moi sommes fatigués mais heureux. Nous immortalisons le moment en prenant des photos et en tournant des vidéos. Dans des années, je les regarderai encore avec la même émotion.

La descente

Un peu à regret, nous entamons sans nous presser notre retour vers la civilisation. L’expédition n’est pas terminée tant que nous ne sommes pas revenus au camp de base. Nous ne devons pas laisser notre joie nous déconcentrer, car les descentes sont souvent plus périlleuses que les montées. Nous devrons encore éviter mille risques d’accident, surtout avec toutes ces cordes usées dont je me méfie ! Quelques heures plus tard, nous sommes de retour en un seul morceau au pied de la pyramide. Je marche vers le camp de base avec une lucidité hors du commun. Je réalise de plus en plus l’ampleur de mon exploit person-nel, qui s’est étendu sur des mois. Cette fois, c’est vrai-ment terminé. Je considère que Serge termine sa couronne des sept sommets avec moi, même s’il n’a pas complété les 200 derniers mètres de l’Everest. Des complications avec son système d’oxygène l’ont forcé à rebrousser chemin. Il lui a fallu une force et une volonté incroyables pour accepter de renoncer si près du but. Il a pris la meilleure décision. Dans une telle situation, le véritable échec n’est pas d’abandonner, mais plutôt de s’entêter à continuer quand les dangers sont pourtant trop grands. Un bon alpiniste est un alpiniste vivant ! De retour au camp de base, je voudrais téléphoner à mes proches, mais la ligne est mauvaise, d’autant plus que les douze heures de décalage horaire avec le Québec com-pliquent un peu les appels. Nous mangeons plutôt un morceau et allons ensuite nous coucher.

Retour au bercail

Nous nous réveillons tôt le matin pour savourer notre victoire de la veille et admirer le paysage aux alentours du camp de base. L’hélicoptère nous cueille à dix heures. Quel luxe ! Monter le Carstensz en dernier, c’est comme garder le dessert pour la fin ! Nous passons la fin de semaine à Nabire, puis nous profi-tons de notre séjour en Océanie pour visiter Bali et Hong Kong. Nous revenons finalement au Québec dans la soi-rée du 16 novembre, où nous faisons notre arrivée dans l’anonymat, en comparaison avec mon retour de l’Eve-rest et de l’Antarctique. Ma conjointe Lyne m’accueille avec son grand sourire et ses félicitations chaleureuses. Rien ne compte davantage pour moi ! C’est quand je dépose mes valises chez moi que mon débor-dement de joie est le plus fort. Après tous mes efforts, j’ai le sentiment du devoir accompli. Comme le temps a passé vite ! Je sens qu’il me faudra bien plus de mois pour digérer mes aventures que pour les avoir accomplies. Dans la nuit qui suit, je me réveille avant l’aube. Le déca-lage horaire chamboule mon rythme de sommeil. Je suis incapable de me rendormir. Le goût de bouger est trop fort. Je sens déjà l’appel de la montagne. Au matin, je pars pour une petite randonnée de vélo de montagne dans les sentiers du rang Saint-Julien, près de chez moi. L’odeur et le calme de la nature m’apaisent, après les sensations fortes de mon long périple autour du monde. Le mont Sainte-Anne se dresse sur ma route. Je me sens poussé à y retourner. Du sommet, je contemple la côte de Beaupré qui s’étale à mes pieds. J’éprouve une grande sérénité devant ce paysage qui m’a donné le goût de grimper, à six ans. Je viens de terminer mon épopée des sept sommets, mais je sais que la montagne n’a pas fini de me lancer des défis. Je suis partant.

Le sommet le moins fréquenté

Ce n’est pas pour rien que le Carstensz est un sommet si convoité. De la collection des sept sommets, c’est lui qui comporte l’accès le plus complexe. De 1995 à 2005, on l’a complètement fermé pour diverses raisons politiques et commerciales. Depuis sa réouverture, seulement quelque 170 alpinistes ont pu faire son ascension. C’est donc tout un privilège pour moi d’avoir pu obtenir un permis d’ascension, après deux longs mois de procé-dures administratives. Mais les difficultés ne s’arrêtent pas là. Il existe trois façons d’accéder à la montagne et aucune n’est plus aisée que les autres. La mine d’or et de cuivre Pour obtenir un droit de passage par la mine, il faut négo-cier avec les dirigeants de la compagnie minière, qui refusent la plupart du temps. Les procédures peuvent s’éterniser et leur issue est incertaine

La jungle

Cette expédition représente sept jours de randonnée avec un service très coûteux de guides et de porteurs. Cette méthode d’accès a l’avantage de nous acclimater progressivement à l’altitude et à la chaleur étouffante. Par contre, il arrive que des groupes armés tendent des pièges aux touristes et aux aventuriers pour leur extor-quer de l’argent. Certains n’en sont pas revenus vivants. Comme je n’avais pas envie de finir dans une marmite, j’ai préféré éviter la jungle.

L’hélicoptère

À condition d’obtenir les permis en règle, on peut béné-ficier des services d’un pilote pour accéder au camp de base. Ce moyen est rapide, mais très coûteux. Peu de compagnies acceptent de voler dans la région du Carstensz. Sur place, c’est un véritable casse-tête de trou-ver un pilote disponible et un appareil en état de fonc-tionner. Les conditions météorologiques compliquent encore plus le voyage : la pluie fréquente et le ciel cou-vert rendent souvent impossibles les vols en hélicoptère. Malgré ces quelques inconvénients, notre choix s’est finalement porté sur l’hélicoptère, plus rapide et plus sécuritaire que les autres moyens. Heureusement, nous avons réussi à dénicher une petite entreprise locale très fiable. Notre pilote nous a permis de nous rendre au camp de base sans encombre !